Il me semble que le noir absorbait les délices des rêves et des douces divagations enfantines. Il se déployait tel un oiseau, s’envolant au large des illusions perdues, au-delà de la perception, déplumé de ses couleurs chétives. Sombre, le corbeau annonçant la mort d’un paradis démesuré, jouissant de sa perte avec délectation, fonçait avec hâte sur sa délicate proie. C’est un monde qui s’écroule, un Eden qui meurt. Les nuages s’enflamment et le ciel en combustion s’assombrit, pleurant la cendre de feu sa somptuosité. Et c’est avec claustration qu’elle accueille le deuil de son être, fléchissant le dos pour porter le monde sur ses épaules, et subissant les affres de la multitude. Elle n’a de cesse de garder en elle ses maux décousus, que le grand oiseau noir occulte sous son aile. Le trou noir, la frénésie retrouvée et pourtant tout au fond du ventre un mal qui grandit. Psychose, névrose, combustion de l’être dont la fumée entrave les moindres parcelles du corps. C’est un abyme brûlant qui prend possession de la chair, enfouis dans les entrailles de la victime entravée qui s’évade promptement vers des cieux moins éteints.
" De son bec, il a touché ma joue, dans ma main, il a glissé son cou. C'est alors que je l'ai reconnu surgissant du passé, Il m'était revenu."